RUE DES DAMES

Paris 17^e, Paris 18^e, petit à petit l’immobilier flambe et les habitants modestes sont balayés doucement et sûrement vers l’extérieur. Certains y ont grandi, d’autres y sont arrivés. Parmi eux, Mia, 25 ans, manucure, locataire d’un petit appartement, est enceinte. Nabil, le père, galère et ne peut garantir une situation stable. Pour espérer se construire une vie convenable au bout de cette course contre la montre de neuf mois, elle fait office de rabatteuse. Clientes du salon dans lequel elle travaille, soirées privées utra-select, riches stars du football : la combine est simple mais comporte de gros risques. Face à l'imminence de perdre son logement, Mina ne peut se permettre de refuser de l’argent rapide.

Dans les rues, boulevards, chemins, impasses, troquets, laveries automatiques ou en bas des hôtels, des milliers d’habitants errent et des passants viennent brièvement. C’est le bon terreau pour faire naître et répandre une rumeur. Le collectif hip hop La Rumeur s’est créé dans les quartiers populaires de Paris Nord dans les années 90. Pour leur deuxième long-métrage, ses membres fondateurs Hamé & Ékoué continuent à écrire sur leur territoire de prédilection : avec un casting mélangeant leurs proches à des acteurs reconnus et un style naturaliste pour mieux capter sans artifice l’essence de la ville à l’instant T, ils observent la gentrification qui agit comme une chape de plomb et s'installe inexorablement. À hauteur de ses habitants, le duo de cinéastes met en scène chaque individu à égalité. Peu importe le niveau de vie, la galère menace et personne n’est à l’abri de sa propre chute. En fresque humble, Rue des dames décrit un monde rude dans lequel toutes les grossesses n’ont pas la même valeur.