SAINT OMER
Du 23/11/2022 au 26/12/2022
LION D'ARGENT (GRAND PRIX DU JURY) & LION DU FUTUR (MEILLEUR PREMIER FILM) • MOSTRA DE VENISE 2022
PRIX JEAN VIGO 2022
PRIX LOUIS DELLUC 2022
Pour son premier long-métrage de fiction, Alice Diop nous entraîne dans les méandres d'un délicat procès – procès qui a réellement eu lieu et auquel elle avait entièrement assisté, très touchée par ce fait divers d'infanticide.
À travers le regard de Rama, jeune romancière, nous suivons les débats judiciaires de l'affaire Laurence Coly à la cour d’assises de Saint Omer. Cette dernière est accusée d’avoir tué sa fille de quinze mois en l’abandonnant à la marée montante, sur une plage du nord de la France. Au cours du procès, la parole de l’accusée et l’écoute des témoignages font vaciller les certitudes de Rama – ainsi que les nôtres. En effet, rapidement happés par ce récit, nous appréhendons placidement, dans la grande sobriété du tribunal, le parcours de Laurence jusqu'à son choix tragique. Malgré la teneur du drame, le film reste toujours à bonne distance, trouvant une émotion juste sans larmoiement. Le propos est dur mais porté par la puissance de la langue – le film est coécrit par la romancière Marie NDiaye. Alice Diop n'oublie ainsi pas d'invoquer Marguerite Duras qui a beaucoup écrit sur l'infanticide ainsi que le mythe de Médée. Laurence et Rama sont également deux femmes noires du même âge, toutes deux universitaires : quand leurs regards se croisent, l'une sur le banc des accusés et l'autre sur ceux de l'assemblée, il se passe quelque chose de très fort et de très intime mais en même temps d'une immense humanité. La densité, la sensibilité et le trouble émanant de Saint Omer sont magnifiques et dépassent les frontières : le film a été présélectionné pour représenter la France à la prochaine cérémonie des Oscars.