SCANDALE
Du 19/02/2020 au 16/03/2020
L’image est percutante. Celle d’un homme vieillissant, gras, qui sort de sa voiture soutenu par un déambulateur. On reconnaît le pouvoir, la main de fer, la toute-puissance qui ont conduit nombre de femmes à céder à ses avances sexuelles : Roger Ailes a régné sur Fox News pendant vingt ans, pratiquant sans vergogne le chantage au salaire ou au licenciement quand ses jeunes et belles animatrices de télévision refusaient de se donner à lui.
Scandale montre, avec une particulière efficacité, la façon dont les pervers sexuels ou narcissiques parviennent à faire trembler toute une entreprise et à manipuler les victimes. Car, pour ces femmes, la possible ascension sociale est étroitement liée au fait d'accepter ou non les avances de leur direction. Il décrit avec précision la difficulté qu’ont les gens à soutenir la première plaignante, alors que tout le monde connaît la vérité de ces agissements. La mécanique du harcèlement au travail est très bien fictionnalisée, mettant dos à dos les victimes qui culpabilisent, les coupables ou les complices, et la grande masse de ceux qui savent et se taisent.
Les trois héroïnes sont des femmes entières, charismatiques et puissantes, pourtant elles n'échappent pas au harcèlement, détaillé sous ses différentes facettes. Scandale décrit une Amérique complexe ainsi que le rôle déterminant que tiennent les médias au sein de la vie politique et sociale du pays : la manière dont ils fonctionnent est assez fascinante. Néanmoins, le souci du réalisateur semble avoir été en premier lieu de décrire les mécanismes empêchant les victimes de harcèlement de parler, perpétuant ainsi la terreur et le silence dans les organisations.
(D'après Laurent Cambon • avoir-alire.com)