SÉRÉNADE À TROIS

Gilda Farrell, jeune femme à l’esprit libre, rencontre deux artistes un peu bohèmes dans un train. Ils tombent rapidement amoureux les uns des autres... Refusant de choisir, Gilda va venir vivre avec les deux… Cette situation de départ est parfaite pour une comédie relevée et Lubitsch y applique son style habituel, ne gardant que l’essentiel sans hésiter à pratiquer d’énormes ellipses dans le récit. Le résultat est très rythmé, teinté d'un humour léger.

On peut se demander comment Sérénade à trois a pu échapper à la censure de l’époque car il concentre toutes les interdictions : ménage à trois, cohabitation avant le mariage, adultère... Une approche très libérée et sans entrave morale de la relation amoureuse même si tout reste suggéré, bien entendu. Le film fut énormément critiqué au moment de sa sortie, non pas pour sa liberté de ton, mais parce que la pièce dont il est adapté avait été entièrement réécrite et que les trois rôles principaux étaient interprétés par des acteurs américains (alors que le texte original était « so british »)... Ces controverses paraissent bien étranges aujourd'hui, d’autant que la performance de ce trio est enthousiasmante. Miriam Hopkins apporte beaucoup d’énergie à cette jeune femme libérée face au duo Gary Cooper / Fredric March, deux artistes qui pour leur part ont bien du mal à partager. Moins célèbre que The shop around the corner ou La huitième femme de Barbe-Bleue, Sérénade à trois est pourtant une merveille d'impertinence et d'élégance !