SIERANEVADA
Du 03/08/2016 au 22/08/2016
Sélection officielle, en compétition • Festival de Cannes 2016
Dans l’appartement étroit où les membres d’une famille préparent le repas funéraire en mémoire du père disparu, les portes s’ouvrent et se referment selon une chorégraphie méticuleuse, les verres et les assiettes entament un étrange et permanent ballet, des plats cuisent indéfiniment, indifférents aux cris et larmes des participants qui s’engueulent à qui mieux mieux. Tout le monde a faim, tout le monde aimerait passer à table, mais nul n’y est autorisé avant l’arrivée du pope chargé de bénir êtres et lieux. Et le pope est en retard…
Peu à peu, Sieranevada devient une comédie vaudevillesque. L’un des fils du disparu doit symboliquement revêtir un de ses costumes pour perpétuer son souvenir. Mais l’heureux élu flotte dans la chemise et le pantalon paternels. Il faut les retoucher, ça prend du temps. On attend, on boit, on réfléchit : ils sont une vingtaine de fils, filles, cousins, voisins à se croiser et s’étriper dans ce lieu clos. L’une en a marre d’entendre une vieille peau lui vanter les mérites du communisme de jadis. L’autre, fan de toutes les théories complotistes sur Internet, en a assez de voir ses frères ne jamais contester, par lâcheté ou par peur, les thèses des pouvoirs en place. La mère de famille tente de faire respecter les règles. Sa sœur, ivre morte, accuse son mari d’agresser sexuellement leur voisine…
Des règlements de compte en famille, on en a vus beaucoup au cinéma. Des cruels et des comiques. Les deux en même temps, pas souvent : c’est pourtant bien ce que réussit Cristi Puiu dans Sieranevada. Rires, larmes et intrigues multiples, un réalisateur qui passe aussi facilement de l’un à l’autre des registres est à suivre assurément.
(D’après Pierre Murat • Télérama)