SLACKER
Du 19/02/2020 au 02/03/2020
Inédit en France, culte aux États-Unis, Slacker – en français : « glandeur » – est une balade cinématographique mi-drôle, mi-inquiétante. Pas d'intrigue, pas de démonstration, juste un tableau impressionniste aboutissant – personnage par personnage – au portrait radical d'une certaine jeunesse.
Austin, Texas, à l'aube des années 90. Un jeune type monte dans un taxi et se met à raconter son dernier rêve au chauffeur. « Je lisais un livre que j'avais peut-être écrit. C'est rare de lire dans un rêve, non ? Ce livre partait de l'idée que chacune de nos pensées crée sa propre réalité. C'est comme nos choix ou nos décisions, le choix qu'on ne fait pas acquiert sa propre réalité, et vit sa vie à partir de là ». Le réalisateur lui-même incarne ce passager. On ne peut s'empêcher alors de penser qu'il livre là le cahier des charges du film à venir. Le premier personnage en rencontre un deuxième : on suit le deuxième jusqu'au troisième, et ainsi de suite. Les protagonistes sont rarement nommés. La plupart ont entre vingt et trente ans et se caractérisent par leurs obsessions, leurs frustrations, leur paranoïa.
Le film, en partie documentaire, est néanmoins très écrit et reste avant tout une réussite de pur cinéma. Il faut voir le plan-séquence au début du film où une femme est renversée par une voiture et où, cinq minutes plus tard, après une foultitude de micro-événements, on découvre que le conducteur de la voiture n'est autre que le fils de la victime. En en seul plan, la caméra aura balayé plusieurs angles, un travelling arrière nous aura révélé ce parricide, le tout avec une fluidité impressionnante. De quoi en prendre plein les mirettes !
(D'après Olivier Nicklaus • Les Inrocks)