SOUS LE CIEL DE KOUTAÏSSI

Un garçon et une fille se rencontrent et tombent amoureux. Cette idée aussi belle que simple a connu d'innombrables variantes depuis la nuit des temps. Ici, Lisa et Giorgi se croisent par hasard dans la rue. Troublés par leur attirance soudaine, ils se donnent rendez-vous pour le lendemain, sans même échanger leurs prénoms. Le surnaturel s'invite alors à la fête : pendant leur sommeil, le mauvais œil transforme leurs apparences, rendant impossible la rencontre planifiée.

Alors que ce postulat pourrait amener des événements malheureux et une tristesse légitime, le film nous emmène tout à fait ailleurs. Avec sa longueur envoûtante, il prend le temps d'installer une tranquillité qui nous enveloppe douillettement dans la douceur solaire de Koutaïssi. En suivant Lisa et Giorgi dans leurs errances quotidiennes, Alexandre Koberidze révèle l'essence merveilleuse de la ville, nichée simplement dans la vie de tous les jours. Nul besoin de partir ailleurs pour trouver une histoire extraordinaire alors qu’elle est au coin de la rue. Ce tableau de Koutaïssi, véritable protagoniste du film, nous imprègne de sa sérénité. Le cinéma est aussi un personnage à part entière : le film a une croyance totale en son pouvoir révélateur de nos visions du monde ainsi que des éléments invisibles et inexplicables qui nous animent. À l’instar du ciel du titre, il rayonne par sa poésie, son ton léger et malicieux, son insouciance enfantine. Rare film géorgien parvenant jusqu'à nos écrans, Sous le ciel de Koutaïssi est un enchantement : il élève sa simple histoire vers un récit plein de charme et de secrets, au-delà du perceptible.