TERMINAL SUD

Au détour d’une route de montagne, un bus est arrêté lors d’un barrage. Des militaires font descendre l’ensemble des passagers pour finalement embarquer violemment l’un d’entre eux et dépouiller les autres de leurs objets de valeur... Des militaires ? Quoiqu’il en soit, cet événement ne semble pas être un cas isolé... Le personnage principal de Terminal Sud est médecin. Il évolue le plus naturellement possible dans ce climat étrange et de plus en plus suffocant. Il ne s’implique jamais, ni pour, ni contre. Contre quoi d’ailleurs ? Tout ceci est très mystérieux, mais la terreur grandit... Peut-on rester neutre en toutes circonstances ?

Terminal Sud est une expérience sensible. Difficile de situer l’action, géographiquement et temporellement. Nous sommes sans doute proche de la méditerranée, dans un pays où on parle français et arabe. On pourrait tout aussi bien être en France. Quant à l’époque, ce pourrait être hier ou demain, mais pas si loin néanmoins de notre année 2019. Cet excellent choix scénaristique convoque l’imaginaire collectif : la situation retranscrite renvoie fatalement le spectateur à de nombreux évènements et conflits passés, dans lesquels des états légitimes ont chaviré et les droits fondamentaux – comme celui de manifester ou d’affirmer une opinion – ont été peu à peu réprimés de manière illégitime. Le film nous fait prendre conscience que notre monde et notre quotidien pourraient facilement devenir terrifiants sans que personne ne voie le basculement s’opérer. Cette ambiance si particulière est portée par la performance impressionnante de Ramzy Bedia dont les postures et les démarches évoluent à mesure que la peur et l’incompréhension grandissent. Autant d’éléments qui font de Terminal Sud une incontestable réussite.