BLAST OF SILENCE

Retiré des affaires depuis quelques temps, Frankie Bono, tueur à gages, revient à New York pour un dernier contrat : l’assassinat d’un gangster de moyenne envergure. Lors de sa traque, il s’emploie à éviter tout contact avec sa future victime. Mais il croise par hasard des visages venus du passé : un ami d’enfance, un ancien amour… Autant de distractions qui risquent de lui faire commettre des erreurs...

Concentré de film noir, héritier du polar des années 1950, Blast of silence est la première réalisation d’Allen Baron. Malgré un budget dérisoire, il est esthétiquement très réussi, suivant le personnage le long des docks brumeux et des avenues illuminées par les décorations de Noël. Ce New York jazzy, éclairé par un noir & blanc cru, dans la lignée de Shadows de Cassavetes,  préfigure également l'ambiance de Mean streets de Scorsese. Allen Baron incarne lui-même le gangster silencieux et revêche, silhouette noire enveloppée dans son pardessus. Mais la grande force dramatique de Blast of silence réside dans sa narration rude, sorte de monologue intérieur du tueur. Lionel Stander prête sa voix grave et chaude à cette voix-off, fil d’Ariane du film. Le soliloque poétique et nerveux, criblé de phrases incisives et cyniques, raconte la solitude, les souvenirs douloureux, les rancœurs d’un prédateur en quête de rédemption. Une œuvre singulière qui aurait pu dramatiquement tomber dans l'oubli si des cinéphiles tels que Martin Scorsese ne l'avait classée au rang de film mythique.