Véritable aberration, enchaînant des énormités pour aboutir sur du vide, The room, rare exemple de nanar estampillé « cinéma indépendant américain » est une sorte d’apothéose de non-narration, qui, sous des apparences professionnelles, déconstruit la grammaire cinématographique, jusqu’à mériter d’être montré dans des écoles de cinéma comme catalogue des erreurs à ne pas commettre quand on tourne un film. Le véritable miracle, en tenant compte des rumeurs sur le tournage, est encore de voir ce long métrage achevé, avec un début, un milieu et une fin, tel un triomphe du caprice du réalisateur, acteur, scénariste et producteur Tommy Wiseau. Ce qui apparaît au spectateur distrait comme un mauvais mélodrame de plus constitue, pour le cinéphile attentif, une monstruosité biscornue digne d’être vue, revue et analysée, pour la plus grande édification du public amateur de nanars. The room est une œuvre magistralement mégalomane d’un auteur ivre de sa propre personne. Ce à quoi on assiste va au delà du rationnel et ouvre un abîme d'absurde ou tout devient génialement possible. À voir au moins une fois pour le croire.