THE WILD ONE

Jack Garfein a vécu plusieurs vies. Metteur en scène à succès, poumon de l’Actors Studio, protégé d’Hollywood mais aussi exilé et conspué, son nom semble pourtant être tombé dans l’oubli. Petit garçon des Carpates rescapé de la Shoah, il est arrivé aux États-Unis en tant qu’immigrant juif, et a trouvé dans l’art un refuge qui lui a permis de survivre malgré les séquelles de son traumatisme. The wild one expose la vision d’un homme dont la vie entière fut tournée vers l’idée que la création artistique est un acte de survie, permettant aux gens de réécrire leur propre histoire mais aussi de se distancier de leurs souvenirs.

En plus d’évoquer le film de Marlon Brando, autre personnage central de l’Actors Studio, The wild one fait référence à l’esprit de rébellion de Jack Garfein, et relie deux titres de ses films, The strange one (1957) et Something wild (1961), tous deux censurés. Personnalité aux multiples facettes, passionné par le théâtre et les acteurs, le réalisateur refusera de faire des compromis, incarnant autant un engagement artistique que moral. Alors qu'il débarque aux États-Unis après avoir été libéré des camps de concentration, il est profondément choqué par la ségrégation raciale. Il abordera cette réalité dans The strange one, évocation du sort des populations noires dans le sud du pays : la censure du film entraînera l’annulation de son contrat avec la Columbia.

Narré par la voix emblématique de Willem Dafoe, The wild one donne la sensation de traverser l’histoire du vingtième siècle – la Shoah, le rêve américain, le cinéma hollywoodien, le théâtre contemporain – à travers les souvenirs de Jack Garfein, qu'il était grand temps de « réhabiliter ».