TITICUT FOLLIES
Du 13/09/2017 au 02/10/2017
Bridgewater, État du Massachusetts, 1967. Frederick Wiseman tourne son premier documentaire dans une prison d’État psychiatrique. Le film se construit autour de la fête musicale annuelle et nous donne à voir, dès la séquence d’ouverture, des patients sur le devant de la scène au sens propre comme au figuré, gênés, dans cet endroit chargé d’ambiguïtés et de contradictions. S’en suit une série de portraits d’hommes usés, avouant tour à tour d’horribles crimes ou de petits délits. Ils abordent sans détours leurs problèmes comportementaux et psychiques datant de l’enfance pour certains, hérités de la guerre du Vietnam pour d’autres. Petit à petit, on découvre la manière de travailler des gardiens et médecins qui semblent de prime abord sympathiques et compréhensifs, mais s’avèrent le plus souvent irresponsables voire dangereux lorsqu’ils poussent à bout ces hommes vulnérables, dénués de toute dignité.
Titicut Follies jette un regard d’une acuité terrible sur ce qu’était un hôpital pour aliénés criminels à l’époque et pendant les décennies qui ont suivi. Ce qu’il révèle a valu au film d’être interdit de projections publiques aux États-Unis pendant plus de vingt ans. Cette expérience intense, sociale et politique nous fait (re)découvrir le vaste travail entrepris par ce documentariste curieux du quotidien. Témoin discret et vigilant, Frederick Wiseman pose avec Titicut Follies l’essentiel de sa méthode de travail et ce qui fait son cinéma depuis cinquante ans : une étude des règles du « vivre ensemble » au sein de grandes institutions.