UN COUTEAU DANS LE COEUR

SÉLECTION OFFICIELLE, EN COMPÉTITION • FESTIVAL DE CANNES 2018

Paris, 1979. Anne, productrice de cinéma porno gay, est en train de se faire quitter par sa monteuse, Loïs. Parallèlement, un tueur au masque de cuir noir, sorte de Belphégor homophobe et hystérique, s’attaque à ses acteurs, qu’il assassine les uns après les autres avec un énorme godemiché noir d’où jaillit en un éclair une lame à cran d’arrêt. Fiévreuse et peroxydée, sanglée d’un ciré noir, Anne a fort à faire, œuvrant à ramener Loïs à son amour, à mener l’enquête sur les pas de l’assassin et à tourner un film qui met en abyme ces crimes en série. Cette quête kaléidoscopique et miroitante entraîne le récit dans des confins étranges, depuis la rude backroom d’une boîte homo jusqu’à la somptueuse forêt où chante un oiseau aveugle, en passant par les plateaux aux ambiances surréalistes...

Après un premier long-métrage remarqué, Les rencontres d'après minuit, Yann Gonzalez signe avec Un couteau dans le cœur un incroyable mélange de slasher movie (tueur psychopathe masqué à l’arme blanche), de revendication gay, d’humour, de mélo romantique et de cinéma fantastique tendance giallo. Le récit n’y est qu’un leurre, ouvrant à la recherche de l’impression, de la sensualité, de la réminiscence onirique, de l’élégance graphique, de l’hypnose musicale (magnifique bande originale signée M83). Hommage à la culture underground et à la liberté artisanale des années 1970, Un couteau dans le cœur affirme la déconstruction des genres, l’impureté de l’art, la proximité baroque du désir et de la mort.

(D'après Jacques Mandelbaum • Le Monde)