VIAJE
Du 02/10/2019 au 22/10/2019
Dans un salon, autour d’une table brasero (une table « chauffante », littéralement), Estrella et sa fille Leonor partagent les non-événements du quotidien et le confort d’être ensemble. On découvre assez vite qu’elles portent un deuil et que cette douleur partagée les rend particulièrement prévenantes et dépendantes l’une envers l’autre. Mais le sujet du film n’est pas celui-ci... Le lien qui les unit est très fort et le film interroge : comment trouver la bonne distance avec les gens qu’on aime ? Comment, en tant que parent, accepter le désir d’indépendance de ses propres enfants ? Viaje est quasiment un huis clos : si l’extérieur s’immisce via les visites ou les appels téléphoniques, on ne sort presque pas de l’appartement. Leonor aspire pourtant à s’extirper de ce cocon aussi rassurant qu’angoissant.
Ce premier film intimiste traite de la question de la séparation, à la fois nécessaire et douloureuse, au moment où les enfants quittent le domicile familial. Il s’agit de retrouver ses repères, de se reconstruire ailleurs tout en gardant un attachement profond qui se transforme et s’adapte. Le mouvement n’est pas celui du rejet, mais la conséquence naturelle du besoin d’émancipation. Il induit néanmoins la peur de décevoir l’autre et de l’abandonner. Viaje repose particulièrement sur l’interprétation de ses deux actrices dont le jeu, tout en retenue, laisse transparaître en creux toute une palette d’émotions complexes. C’est délicat, mesuré et ça fonctionne parfaitement.