VIVARIUM

SEMAINE DE LA CRITIQUE • FESTIVAL DE CANNES 2019

Jeune couple un peu bohème, Gemma et Tom sont à la recherche d'une maison à acheter... Sans trop y croire, ils poussent la porte d'une agence vendant des pavillons dans un lotissement en dehors de la ville et se laissent convaincre par un étrange agent immobilier d'aller en visiter un. Ils le suivent donc le sourire aux lèvres et espèrent se sortir au plus vite de ce rendez-vous incongru. Ils arrivent alors à Yonder, enchaînement de bicoques identiques d'un vert inquiétant. Lorsque le promoteur disparaît sans prévenir et qu'ils ne parviennent pas à trouver l'issue de ce dédale de clones immobiliers, Gemma et Tom découvrent que Yonder est un piège qui s'est d'ores et déjà refermé sur eux...

Alors que l'accession à la propriété est présentée dans nos sociétés comme une aspiration naturelle et impérieuse – quitte pour cela à s'exiler dans des quartiers créés de toutes pièces, entourant peu à peu nos villes –, Lorcan Finnegan en propose une vision décalée et nettement moins séduisante. Son film prend ainsi la forme d'un conte fantastique qui exacerbe la réalité pour créer un univers tordu et effrayant. Exercice de style original et déconcertant – empruntant autant à La quatrième dimension qu'à L’empire des lumières de Magritte –, Vivarium préfère au discours politique la mise en place d'une atmosphère troublante et de situations absurdes. Il nous immerge – avec une étonnante économie de moyens et d'effets – dans une fable sombre et pleine d'ironie. Au cœur de cette zone pavillonnaire où tout semble factice et artificiel, l'arrogance de la jeunesse se confronte au fantasme de la « vie idéale » : un combat désespéré, surréaliste et fascinant.