WE BLEW IT

Essayiste et historien spécialiste du « Nouvel Hollywood », Jean-Baptiste Thoret délaisse ici la plume pour la caméra avec toujours en ligne de mire les années 60/70. On pouvait s’attendre à voir un film-hommage bourré de références cinéphiles, mais son projet est tout autre. Certes, on y retrouve des cinéastes de cette période – mais pas forcément les plus renommés – et des lieux emblématiques de tournages de films – mais pas nécessairement les plus identifiables. Son ambition est de dresser un portrait riche et complexe de l’Amérique d’aujourd’hui avec plusieurs questions en tête : que reste-t-il de cet héritage ? Ces années sont-elles toujours présentes dans l’inconscient collectif ou était-ce une parenthèse enchantée, un simple mirage ?

Pour mener à bien cette entreprise, le cinéaste arpente l’Amérique d’est en ouest sous le mode du road movie – genre par excellence des seventies – afin d’y rencontrer ceux qui ont vécu cette époque où s’entrechoquaient révolutions des mœurs, droits civiques et liberté artistique. Entre nostalgie et désenchantement, anonymes, intellectuels ou artistes font part de leurs souvenirs et de leurs points de vue très divers. Pour autant, tous s’accordent sur la chance d’avoir vécu cette période faste tout en reconnaissant, avec le recul, qu’ils se berçaient d’illusions sur son éventuelle issue. We blew it offre ainsi un regard subtil, complexe et protéiforme sur ce pays, absolument passionnant !