WESTERN

SÉLECTION OFFICIELLE, UN CERTAIN REGARD • FESTIVAL DE CANNES 2017

Un groupe d’ouvriers allemands débarque dans un village perdu en Bulgarie pour un chantier d’installation d’une turbine hydraulique. Ces circonstances révèlent rapidement leur complexité : les ouvriers agissent comme des envahisseurs, plantant dans leur campement le drapeau germanique et se comportant en prédateurs, notamment vis-à-vis des filles du coin. À leurs agissements répondent la froideur et la méfiance des villageois. L’eau n’arrive pas jusqu’au chantier, le gravier nécessaire pour les travaux n’est pas livré, la situation s’enlise et la tension monte... Dans ce contexte, un des ouvriers se détache du groupe. Meinhard est un lonesome cow-boy taciturne au regard délavé dans lequel brille une lueur de bienveillance. Il va peu à peu sympathiser avec les villageois, franchissant en douceur la barrière de la langue et des préjugés. Mais le climat est à la suspicion : en se rapprochant des Bulgares, Meinhard s’attire la défiance de ses collègues. En outre, son passé comme ses motivations sont ambiguës : est-il vraiment cet ancien légionnaire qui refuse aujourd’hui la violence ? Que cherche-t-il dans ce village ?

Il y a quelque chose d’inclassable dans Western : une certaine étrangeté qui traverse le film et les situations qu’il dépeint, un mystère qui s’accroche à ses personnages, une sensation tenace de ne jamais savoir où l’histoire nous emmène et ce qui va s’y passer. Avec beaucoup de retenue, la réalisatrice parvient à maintenir son récit dans une constante indécision, basculant d’un regard de l’amitié naissante à la méfiance réciproque. Elle rend envoûtant cet affrontement suspendu qui déplace l’imaginaire du western dans les Balkans d’aujourd’hui et dans lequel surgissent de jolis moments d’émotions.