WINTER BREAK

Noël approche. En cette fin d'année 1970, à la prestigieuse académie de Barton, les vacances se profilent. Les dortoirs se dépeuplent et les derniers cours ont lieu avant le départ pour les fêtes en famille. Les grandes salles boisées et les couloirs rococo se retrouvent vides et silencieux. Dans ces grands espaces résonne la détresse de la poignée d'élèves n’ayant nulle part où aller. Teddy, Angus, Jason, Alex et Park sont ces cinq malchanceux. Pendant deux semaines, ils seront en compagnie de Mary, la cantinière dont le fils est décédé, et sous la garde de Paul Hunham, professeur strict et détesté de tous. Cet ancien élève devenu enseignant depuis si longtemps que l’actuel directeur fut l'un de ses étudiants, est aussi traditionnel que l’établissement. Pur produit de Barton, Hunham y est comme un poisson dans l’eau, ou plutôt un requin : réveil brutal et punitions distribuées sur le champ, l'atmosphère est aussi old school que délétère.

Alexander Payne réactualise un canevas classique de Noël, à sa manière : il prend tout particulièrement le temps et le soin de développer en détails toute la singularité de ses personnages, pendant que leurs positions sociales sont partiellement mises entre parenthèses. Égrenant surprises et touches d'humour, la création éphémère d'un semblant de famille prend forme par étapes dans un élégant écrin imitant la patine des productions du début des années 70. Photographie granuleuse, direction artistique vintage de la mise en scène aux génériques : un emballage classieux qui enrobe une tendresse réconfortante rehaussée d'une pointe d'acidité ; un doux cocon dans lequel il fait bon se réfugier à cette période de l'année.