ALL WE IMAGINE AS LIGHT
Du 02/10/2024 au 04/11/2024
GRAND PRIX • FESTIVAL DE CANNES 2024
Payal Kapadia nous avait déjà envoûtés avec un premier film hybride, mêlant luttes étudiantes et correspondance amoureuse : Toute une nuit sans savoir avait remporté l'Oeil d'Or du meilleur documentaire au Festival de Cannes. Comme une transition entre les deux oeuvres, All we imagine as light s'ouvre sur des images prises sur le vif dans le tumulte du marché de Mumbaï. De cette matière réelle émergent peu à peu des personnages, marquant le basculement de la cinéaste vers la fiction.
Prabha et Anu sont infirmières. Elles partagent le même appartement depuis que le mari de Prabha est parti travailler en Europe, la laissant sans nouvelles. Anu, plus jeune, plus libre, fréquente en secret un homme musulman. All we imagine as light prend le temps de chroniquer en détail leur quotidien, d'installer une atmosphère, de retranscrire le contexte d'une société pleine de contrastes. Surgit ensuite un élément incongru : un autocuiseur flambant neuf, envoyé à Prabha par son époux absent. Ce simple appareil ménager marque une rupture dans le récit, y intégrant notamment une troisième protagoniste : Parvaty, veuve menacée d'expulsion, invite les deux femmes dans son village natal, au bord de la mer…
All we imagine as light se déploie tout en douceur : rien n'y est jamais appuyé ni dramatisé. Payal Kapadia ose la langueur pour s'approcher au plus près de ses personnages, pour dévoiler leurs entraves comme leurs élans, pour révéler ce qui les lie. Sa mise en scène épurée laisse la grâce du moment présent s'insinuer dans le cadre. Ainsi, la dernière séquence – d'une simplicité et d'une beauté bouleversantes – touche au sublime : superbe conclusion d'un film qui l'est tout autant.