COMANCHERIA

Deux Texans pur jus, deux frères qui sont contraints de se côtoyer à nouveau. L’un, honnête, travailleur, laminé par la crise financière, la perte récente de sa mère et largué par sa femme. L’autre, sanguin, véritable chien fou, tout juste sorti de prison. L’un a appelé à l’aide, l’autre est venu. Voilà donc nos deux « rednecks » qui sillonnent le Texas profond et qui, grâce à un scénario bien établi, dévalisent, sans violence ou presque, de petites succursales bancaires disséminées sur le vaste territoire... C’est alors qu’entre en scène un autre duo, portant Stetson et étoiles sur la poitrine : un vieux marshall à deux doigts de la retraite et qui se demande bien à quoi ressemblera sa vie une fois au rancart. À qui pourra-t-il lancer ses blagues racistes et affectueusement vachardes quand il ne fera plus équipe avec ce bon dieu de métis qui lui sert de partenaire depuis plusieurs années ? C’est Jeff Bridges qui campe ce shérif mal embouché, qui bouffe les syllabes avec un naturel assumé et qui symbolise presque à lui seul la fin d’un monde.

Sur ce canevas classique, le réalisateur britannique orchestre un habile jeu de cache-cache entre les gendarmes et les voleurs, et propose une variation originale du western moderne dans lequel les repères moraux sont brouillés et les truands ne sont plus ceux que l’on croit. Si le récit est mené sans temps mort et la mise en scène souvent nerveuse et âpre, il nous donne à voir le Texas des oubliés, des laissés pour compte : un endroit où il faut défendre ce que l’on a les armes à la main. Mais les ennemis d’aujourd’hui ne sont définitivement plus les mêmes qu’autrefois...