DJAM
Du 09/08/2017 au 01/10/2017
SÉLECTION OFFICIELLE, HORS COMPÉTITION FESTIVAL DE CANNES 2017
Djam est exaltée, impétueuse, et ne jure que par la musique et la liberté – au point même de ne jamais enfiler de sous-vêtements ! Son oncle et complice Kakourgos l’envoie à Istanbul pour trouver la pièce rare qui réparera leur bateau et pourrait bien faire refleurir les affaires. Elle croise en chemin Avril, une jeune Française paumée qui dit venir de banlieue, surtout pour se donner l’air dur. Elle est ici pour aider bénévolement les réfugiés syriens mais elle erre depuis quelques jours, parachutée par son copain qui l’a quittée en lui volant son fric, ses papiers et ses fringues. Djam décide, un peu malgré elle, de la prendre sous son aile sur les chemins vers Mytilène – l’île de Lesbos où elle doit retourner.
Dans une partie du monde qu’il n’avait encore jamais explorée, Tony Gatlif revient sur des thèmes qui lui sont chers et qui s’entremêlent : l’exil, le voyage et la musique traditionnelle. L’exode est perpétuel, à pieds, en voiture ou en bateau. Les personnages sont toujours en mouvement, sur le départ ou déjà sur les routes. Ils partent de leur plein gré, forcés ou, comme Avril, sans trop en connaître les raisons. À la croisée de l’Orient et de l’Occident, il y a ce no man’s land que tant de gens tentent de traverser. On devine des frontières à franchir, des grillages à contourner, des mers à affronter. Lesbos n’est plus le paysage idyllique des cartes postales et les saisons touristiques se sont arrêtées pour laisser place aux naufrages et à la crise.
Sur cette même trajectoire qu’empruntent les migrants d’aujourd’hui, Avril et Djam croisent la vie de personnes presque invisibles et d’autres de passages. Autant de digressions et surtout d’occasions pour chanter et danser, accompagnés de baglama, de bouzouki et de voix aussi intenses que fragiles. Sur les rails ou dans des cafés arrosés d’ouzo, le rebétiko permet alors de s’arrêter pour profiter de pauses sublimes au milieu de cette épopée, en proclamant toute sa révolte et sa mélancolie. Quelques fois aussi, il suffit d’un claquement de doigts pour que démarre la musique, et que Djam – le personnage comme le film – retrouve alors sa légèreté. On reconnaît bien là toute la malice du metteur en scène qui trouve avec son héroïne, Daphné Patakia, une nouvelle muse. Une femme forte, fougueuse et pétillante avec ce brin de folie en plus, un mélange brut mais subtil de colère, d’espoir et surtout de vie qui donne à ce nouvel opus l’envie irrépressible de résister !