DOGS

Il y a des films dont on aimerait ne rien vous dire, pour vous laisser les découvrir au rythme voulu par le réalisateur, pour vous laisser surprendre... Dogs est de ceux-là. Dès les premières minutes, une ambiance s’installe, une tension croît peu à peu... En format scope, nous sommes plongés dans des paysages immenses et vides, qu’on pourrait prendre pour les plaines reculées du Texas... Mais non, le film se passe en Roumanie, une Roumanie rurale, brute, aride... C’est là que votre lecture doit s’arrêter si vous voulez vous lancer vierge de toute trame narrative dans ce film maîtrisé, au cordeau, qui vous surprendra forcément, et qui, rien que pour ça, vaut largement le détour.

L’histoire de Dogs, c’est celle de Roman, jeune citadin de retour sur les terres de son grand-père, dont il vient d’hériter. Rien n’y pousse, il a donc décidé de les vendre... Sauf que l’entourage local ne voit pas cette cession d’un bon œil et compte bien garder la main sur ces terrains, quitte à le faire comprendre à Roman par tous les moyens nécessaires...

C’est un film noir, profondément. Dans cet univers : pas de valeurs fondamentales, pas de distinction entre le bien et le mal... Tout est égal, la fin justifie tous les moyens. Ce simple constat rend le film très dérangeant. Rien ne dédouanera les personnages de leurs responsabilités, ni le contexte social, ni leur histoire personnelle. Précisons aux âmes sensibles que le film reste tout à fait supportable :  c’est dans la mise en scène et dans l’écriture que la tension se déploie et que la violence s’exprime. Le film se joue des codes auxquels nous sommes habitués
– ceux du western notamment – pour nous emmener ailleurs, et c’est ce qui en fait une véritable réussite !