REMBRANDT FECIT 1669
Du 19/07/2017 au 08/08/2017
Rembrandt Fecit 1669 (c’est la signature apposée par le peintre peu avant sa mort sur le dernier de ses autoportraits) est un film rare, magistral qui nous fait avancer à la fois dans la connaissance de l’art et dans celle de l’homme. Ce n’est pas une biographie, c’est une lecture de l’œuvre à partir d’une création cinématographique pensée comme une fiction. Stelling balise une démarche qui tente de saisir les mécanismes de la création, les troubles et les émotions d’un artiste qui n’a cessé de se peindre, de s’interroger, de se ressourcer, de se reconstruire dans des dizaines d’autoportraits.
Le Rembrandt de Stelling est un Rembrandt intime. Nous le voyons surtout dans l’environnement des trois femmes qui se sont succédées dans sa vie, de ses enfants, de ses rares amis. Ses démêlés avec la bourgeoisie d’Amsterdam, son goût des dérives dans les bas quartiers de la ville, son plaisir à s’encanailler et à se déguiser sont à peine évoqués par quelques allusions. Mais peut-être faudrait-il commencer par exalter la beauté du film, la chaleur d’une photo extraordinairement précise, sensuelle dans le contact du bois ciré, du velours des vêtements, du froissé des draps de lit. Stelling sait faire sentir la vie des matières inertes, la palpitation des fibres du chêne – à la manière d’un Bresson ou d’un Tarkovski. Son film presque dépourvu d’extérieurs est pourtant un magnifique hymne à la nature et un merveilleux hommage à Rembrandt…
(D’après Jean-Pierre Jeancolas • Positif)