TA'ANG, UN PEUPLE EN EXIL ENTRE CHINE ET BIRMANIE
Du 16/11/2016 au 03/12/2016
Avec Ta’ang, le cinéaste chinois s’intéresse au peuple du même nom, contraint de se déplacer du Myanmar vers la Chine, fuyant des conflits armés. Des dizaines de milliers de réfugiés, des conditions d’hébergement précaires, une indécision grandissante, Wang Bing en fait état en s’intéressant à quelques groupes de personnes, rencontrés dans une poignée de campements. Dans chaque zone filmée par Wang Bing, il y aura une séquence de séparation : un groupe se désolidarise, quelques-uns continuent la route, souvent à l’aveugle, et les autres restent sur place. La migration ne se résume pas à une terre quittée en quête d’une autre, c’est une succession d’abandons.
Wang Bing choisit d’achever, ou presque, son film par la vision d’un groupe pris de tétanie dans les montagnes du Yunnan. Peur d’avancer et peur de reculer, les sentiments sont irrépressibles alors que tonnent tout autour des explosions d’origine incertaine mais assurément angoissantes. C’est durant cette longue séquence que le propos du film se précise. Dans la première moitié du film, Wang Bing décrit les conditions de vie durant la migration ; dans un second pan il aborde à Nansan – lors d’une veillée au coin du feu- les raisons de ce départ ; le réalisateur n’a plus alors à expliciter l’origine du conflit qui a poussé le peuple Ta’ang à quitter leurs maisons. Seules comptent les conséquences. C’est pourquoi il filme les marcheurs épuisés, hésitant autant à avancer qu’à reculer, mais aussi les actions futiles des enfants, alors que des bruits sourds et terrifiants résonnent sans perturber leurs jeux. S’il alterne cette vision d’innocence et l’inertie qui frappe les ainés, cela n’a rien de cruel.Elle n’est sans doute que passagère : les rires, l’entraide, le courage l’emportent. La marche reprend.
(d’après Hendy Bicaise • accreds.fr)