ENTRE LES FRONTIERES

Le cinéaste Avi Mograbi n’a cessé d’inventer de nouvelles formes de représentation documentaire dans une œuvre alliant l’implication politique à la recherche esthétique. Si la tonalité de ses films varie du burlesque à l’onirique, l’acte de création y est toujours présent. Et en filigrane, l’Histoire.

Entre les frontières rend hommage au processus de création émancipateur. Il a été réalisé avec des demandeurs d’asile africains retenus dans le camp de Holot, en plein désert du Néguev. Les conventions internationales interdisent de les renvoyer au Soudan ou en Érythrée, et nombre d’entre eux se retrouvent dans ce no man’s land des années durant, sans statut. Certains des pensionnaires du camp, ainsi que des citoyens israéliens, ont participé à la création d’une pièce de théâtre avec le metteur en scène Chen Alon. Par le biais d’un atelier inspiré du « Théâtre de l’opprimé », initié par Augusto Boal dans les années 70, ils questionnent le statut de réfugié. Quel est l’élément déclencheur qui pousse un jour ces hommes et ces femmes à abandonner tout ce qu’ils possèdent pour plonger vers l’inconnu ? Pourquoi Israël, terre des réfugiés, refuse de considérer le sort de ces exilés que la guerre et les persécutions ont jetés sur les routes ? Le théâtre peut-il créer un pont entre les hommes pour qu’ils échangent et se comprennent ?